La liberation

LA LIBERATION DE PEROUSE

Monsieur Jacques Valgueblasse, féru de l’histoire de notre collectivité, nous raconte les dernières semaines précédant la libération de Pérouse :

Les troupes alliées américaines et françaises débarquées en Provence le 15 août 1944 avancent rapidement. En trois semaines les alliés ont progressé de près de 700 kilomètres.

Nous pensons notre libération proche, mais hélas vers le 11 septembre le front se stabilise vers Arcey et Champagney, la logistique ne suit plus, l’armée française qui n’est plus qu’à une vingtaine de kilomètres de Belfort y est stoppée.

La Flak, défense antiaérienne allemande, est dense aux abords de Belfort et à Pérouse une station de radiogoniomètres et de radars est chargée de détecter les avions alliés. Cette station est située sur l’ancienne poudrière (actuellement rue des Acacias et des Jonquilles).

Les avions survolent quotidiennement la région de Belfort.

Les pertes sont lourdes : dans la seule semaine du 9 au 15 septembre l’aviation française perd sept appareils au-dessus de Belfort.

Le 10 septembre, le sergent-chef Lorenzini est descendu au-dessus de la ville. Il faisait partie d’un groupe de quatre Thunderbolt P47, sous le commandement du lieutenant Patin, qui avaient décollé d’Ambérieux à 14 heures. A la verticale de Belfort, la Flak tire. Le sergent-chef Lorenzini disparaît au passage d’un barrage de feu. Touché et mis en flammes, il doit se parachuter. Son « P47 » tombe dans un petit étang à Danjoutin (actuel échangeur autoroutier) et lui dérive à l’est de la ville où des allemands, depuis Pérouse, ouvrent le feu sur lui avec un fusil mitrailleur avant qu’il touche le sol.

Capturé sur la colline du fort des Perches, il est fait immédiatement prisonnier, frappé et menacé d’être fusillé sur-le-champ. Il sera finalement dirigé vers un camp de prisonniers en Allemagne.

En septembre 1944, la milice cantonne chez l’habitant à Pérouse. Vingt-deux tractions avant Citroën constituant son parc automobile sont camouflées sous les arbres d’un verger, route de Vézelois, afin d’échapper à la vue de l’aviation qui harcèle l’ennemi.

Le 10 septembre, monsieur Robert Engel, Directeur de la maison du prisonnier à Belfort, est trouvé mort à la lisière du bois des Perches à Pérouse derrière chez Bruat (actuel lotissement de la rue des Cèdres).

D’après le rapport du Docteur Riss requis par le commissariat de Police de Belfort, Monsieur Engel a été tué par balles.

L’armée allemande profite de l’arrêt de l’avance des alliés pour se réorganiser et se fortifier. Les hommes valides de Pérouse et de toute la région sont réquisitionnés pour aller creuser une tranchée anti-chars devant Belfort.

C’est dans le secteur de Buc et Argiésans que les pérousiens seront principalement employés, chantier qu’ils durent abandonner à plusieurs reprises sous le harcèlement de l’artillerie qui effectue des tirs sur cet ouvrage en construction.

Après deux mois, le 14 novembre c’est l’offensive.

Le 20 novembre, les premiers éléments pénètrent et libèrent Belfort. Cependant le château de Belfort est encore aux mains de l’occupant.

Sur Pérouse le bombardement redouble d’intensité et sa population doit vivre dans les caves ou les abris de fortune.

Le 21, trois soldats allemands sont tués dans le bois des Perches. Sur réquisition des autorités allemandes, le Maire Monsieur Alphonse Boulanger cherche des hommes volontaires pour inhumer ces victimes en toute hâte dans l’ancien cimetière à côté de l’église.

Messieurs Jean et Etienne Beauseigneur, Monsieur Hubert Salvador participent à cette pénible besogne. Ce jour là, Monsieur Emile Hetzel, 49 ans, est tué par un obus.

Le lendemain 22 novembre, Monsieur Jacques Salvador, 39 ans, et son épouse née Hélène Valent, 35 ans, sont tués aussi par un obus, tandis que leur fils Denis est blessé. Monsieur Louis Beauseigneur est également blessé à une jambe.

Dans la nuit du 24 au 25 novembre 1944, la ferme de Monsieur Anatole Goffinet est incendiée par un obus, et c’est sous les bombes que la lutte contre le feu se fera sous le commandement du Maire de Pérouse, Monsieur Alphonse Boulanger, également lieutenant commandant le corps des sapeurs pompiers de Pérouse.

De nombreuses habitations ont subi de gros dégâts durant cette semaine de bombardements.

Samedi 25 novembre à 5 heures du matin, les derniers allemands quittent Pérouse et en début de matinée, les bombardements ayant cessé, deux habitants du village, Messieurs Albert Verthe et Jules Miget, décident de se rendre munis d’un drapeau blanc (composé d’une rame de haricot et d’une serviette de toilette blanche) dans les fossés du château de Belfort pour informer les troupes françaises qui sont en train de prendre le château qu’il n’y a plus d’allemands à Pérouse et leur demander de ne pas reprendre les bombardements sur le village.

A 10 heures 30, nos libérateurs arrivent et Pérouse est libéré sans combats.